samedi 11 mai 2013




Grand mère

(1904-2012)








108 ans

Ah, toi, quel martyr !
Tu peux continuer à croire que tu existes.
Ton corps abandonné dans les labyrinthes du temps
Que les courants peinent à entraîner vers le soleil couchant.
Quand enterreras-tu ta lampe dans les ténèbres ?
La vie est donc là, dans ce fauteuil glauque,
Obstinément fermé à tout ce qui n’est pas cruel,
Sans ici ni ailleurs.
Ce que je vois n’est plus qu’un corps mû par des fils exténués.
Pareil au blanc hiver creusé de rides centenaires.
Il n’a plus le cœur à jouer avec les apparences.
Ces yeux agonisent dans leur tristesse humide
Tels des scarabées transparents jetés à la poubelle.
Dans cette haute solitude, comme une vague noire ,
Luttent quelques bruits pour arriver au ciel.
Des mots invraisemblables aux autres,
Formés aux leçons d’une démence sénile,
Se désembellissent dans des bruines irréversibles.
Qu’est-ce que demain te réserve de bien ?
Demain... Quelle insolence !

©Michel Lavaud-2012

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